Déambuler… marcher ces rues mille fois empruntées où, hier, le regard allait au bitume avec indifférence pour les autres et le monde, alors qu’aujourd’hui la tentation des dépenses inutiles s’éloignent que s’éteignent les néons des enseignes et qu’alors enfin le regard, débarrassé de ces œillères, peut à nouveau accueillir la vie des paysages urbains. Quête du détail, attrait de la couleur, les yeux se portent haut pour assister au défilé des choses du ciel, un nid d’oiseau, un nuage, le frontispice d’une maison ancienne, que de découvertes dans nos lieux familiers!
Mon regard s’est arrêté à cette porte délavée, on devine sa splendeur passée, immense, altière, fière de ce qu’elle garde, je suis submergée par ce que j’imagine exister de l’autre côté … je reprends haleine et découvre que derrière cette porte c’est moi… tous mes possibles tout ce que je n’ai pas encore dit, accompli…tous mes espoirs aussi et les souvenirs des voix familières, les lointaines senteurs de cuisine familiale et le visage de ceux qui me manquent.
Et l’instant de la vision s’est refermé, je reste seule mais heureuse car je sais porter ce monde dont on me séparait! A chacun l’audace de pousser sa porte…